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LE DIABLE AU CORPS.


veut avoir l’honneur de l’être, s’est offert à sa mort pour gouverner mes affaires. Il est fort riche ; il administre supérieurement bien quelques milliers de francs de revenu dont je fus héritiere, et mange avec moi tout le sien…

LA MARQUISE.

Voilà des motifs. Mais cet homme hétéroclite a-t-il du moins de beaux côtés ?

LA COMTESSE.

Il a d’abord l’attention de ne m’importuner de ses flammes amoureuses qu’une ou deux fois par semaine, car il s’est usé tout comme un autre, en ayant pourtant la manie de raisonner de tout philosophiquement, et d’éviter les excès. Il a de plus beaucoup d’usage du monde, un bon cœur, des manieres nobles, infiniment de connaissances et d’esprit, mais d’un esprit par malheur bizarre, et par fois un peu faux, qui lui fait un grand tort, et le rend quelquefois incommode. Sourcillac fera de profonds calculs sur des points mal vus du premier coup d’œil. Comment le trouvez-vous, par exemple, quand il se désole de ce que je n’ai point de tempérament ?

LA MARQUISE.

Est-il bien possible qu’il se méprenne assez…

LA COMTESSE.

C’est une de ses bévues. Bien persuadé que je l’adore, il ne me juge capable que de sentimens. Toutes mes connaissances ont de la peine