Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/174

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
146
LE DIABLE AU CORPS.


» tems-là chercher main forte. Bref, M. l’Abbé a été saisi, lié et jetté dans un fiacre, pour être conduit en prison. Je me trouvais par hasard dans le quartier, tandis que tout cela se passait ; je m’étais donc mêlé parmi la foule, et j’avais tout appris. Comme j’entendais dire que le prisonnier était tombé dans une espece de délire, et vomissait, avec mille imprécations, des atrocités qui pouvaient compromettre nombre d’honnêtes gens, j’ai profité des relations que je me trouve avoir avec quelques-uns de ceux qui le conduisaient, et j’ai suivi…»

LA COMTESSE, interrompant.

M. Bricon est bien faufilé, ce me semble !

LA MARQUISE, lisant.

« M. Boujaron s’est enfin évanoui dans le fiacre : cet état ayant rendu nécessaire qu’on lui fît boire quelque chose, je me suis mêlé, avec beaucoup d’autres, de ce service ; et pour en rendre un bien plus important à tous les intéressés, aussi bien qu’au criminel, lui-même, j’ai mis subtilement quelque drogue dans la boisson… Il vient d’expirer. — Comme ce breuvage a passé par plusieurs mains, je ne pense pas qu’on me soupçonne plutôt qu’un autre, ni même qu’on recherche l’auteur de ce salutaire attentat ; mais comme tout peut se découvrir, je crois nécessaire, Madame, de m’éloigner pour quelque tems ; et pour cela, je vous prie de m’aider de