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LE DIABLE AU CORPS.


que j’éprouve réellement quelque chose de fort agréable, même quand je dispense mon fauconnier de me clitoriser, ou quand je néglige de me donner ce délicieux accessoire. — En un mot, vivent les gens qui font complaisamment tout ce qu’on peut avoir le caprice de desirer. C’est sur ce pied qu’un Boujaron même peut être fort bon à voir.

LA MARQUISE.

En vérité, Comtesse, je suis jalouse ; car vous me surpassez…

LA COMTESSE.

Je m’en pique. Voyez cette mêche de cheveux ? Est-on de cette couleur-là pour rien ?

LA MARQUISE, souriant.

Elle est charmante ! — Vous avouez donc de bonne foi votre blond hardi ?

LA COMTESSE.

L’expression est modeste ; dites ardent. Oui, je l’avoue ; bien plus, j’en fais gloire. Les beautés les plus célebres de l’antiquité n’étaient-elles pas, la plupart, de ma couleur ? Le docte Sourcillac, qui les connaît toutes, me les cite souvent pour m’apprendre ce que ma dorure me donne de prix à ses yeux. Mais, sans remonter aux siecles éloignés, combien peu de tems y a-t-il que nos élégantes voulaient toutes être du roux le plus extrême ? Le goût est fou : l’on ne sait, en vérité, ce qu’on veut, ni ce

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