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LE DIABLE AU CORPS.

LA COMTESSE.

Cela vous regarde, Marquise ?

LA MARQUISE.

Volontiers : d’autant mieux que je suis en compte ouvert avec Molengin, et que je lui dois une discrétion dans toute la force du terme.

LA COMTESSE.

Arrangez-vous : je ne veux que voir. Ah ! tandis que j’y pense ! notre gageure, à quand ?

LA MARQUISE.

Eh, mais !… pourquoi pas tout-à-l’heure ? Je prévois que le Vicomte ne fera que nous mettre en belle humeur. Après lui, nous aurons besoin de quelque chose de solide. Faisons dire à nos champions de ne pas s’éloigner.

LA COMTESSE.

Tope : mais je te préviens que je joue à jeu sûr. Labarre me l’a fait souvent sept fois en trois heures : aussi ne donnerais-je pas congé, pour mille louis, à cet utile domestique.

LA MARQUISE.

Nous verrons. Je n’ai pas encore poussé Chenu jusqu’à sept, parce que, sans vouloir blâmer la conduite d’autrui, je trouve qu’on s’avilit en laissant trop appercevoir à ses gens qu’on fait un certain cas de leur personne. Tant qu’un domestique ne fait ces choses-là qu’avec la persuasion qu’on les demande uniquement comme une espece de service de corps, il