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démarche qui me mit à mon aise et dans le cas d’exhiber le cadeau.

« — Félicia, me dit-elle, tu as donc secoué le joug de la subordination et trompé ma vigilance ? Elle serait désormais inutile. Tu vas vivre à ta guise, tâche de n’en pas mésuser ; entre nous, je suis fort aise de me trouver débarrassée d’un soin dont la seule tendresse que tu m’avais inspirée pouvait me faire un devoir, vu que nous ne sommes point liées par le sang. Tu vas donc être libre ; mais je présume assez bien de ton cœur pour penser que tu ne nous quitteras pas. Accoutumée à toi, privée de Sylvino, tu me serais un vide que rien ne pourrait remplir. Si jamais il s’offre pour toi quelque grand avantage, alors je saurai me départir des droits que me donne mon attachement : mais jusque-là, vivons ensemble ; soyons, comme disait monseigneur, des vraies amies et mettons de côté l’une et l’autre la dépendance et l’autorité. Je n’exige de toi qu’une amitié sincère et beaucoup de confiance. Je vais te donner dès à présent une preuve de la mienne. Je t’avoue que la colère que je fis éclater hier contre toi n’était d’abord que pour la forme et qu’elle ne devint sérieuse que lorsque tu m’appris que c’était précisément avec le chevalier que tu t’étais oubliée. Tu sauras que je l’aime autant qu’il paraît m’aimer. Il t’a eue par un malentendu bien malheureux pour moi. Je craignais que cette partie, si fatale à mon cœur, n’eût été concertée entre vous et que tu ne m’eusses prévenue dans un cœur que je brûlais de m’attacher. Je te demande une grâce, mon enfant, c’est de me laisser mon beau chevalier. Il m’adore, je n’en puis douter. Ce que le hasard lui a fait obtenir de toi lui suffira, si tu ne lui témoignes désormais que de l’indifférence et si tu ne traverses pas les efforts que je ferai pour le captiver. »

Cette effusion de Sylvina ne me plut guère. Cependant je me tirai d’affaire avec un peu de fourberie. J’assurai que je souhaitais fort son bonheur avec le chevalier ; que sûrement je n’aurais point d’autres vues que les siennes, et que je n’avais pas pour lui plus d’amour que lui-même n’en avait