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je sais… — Allons, monsieur, soyez sage vous-même, interrompis-je, sentant qu’il ne l’était guère. Non, je ne le veux pas… je vous boude… vous deviez du moins faire semblant d’ignorer…

Mais ma feinte bouderie ne lui en imposait point ; il me serrait dans ses bras… Déjà les miens le pressaient avec transport… le même désir… il me faisait respirer son âme… je lui rendais la mienne. Nous n’étions plus… Nous ressuscitâmes un moment… pour mourir de nouveau… Dieux !… quelle nuit !… quel homme !… quel amour !…




CHAPITRE XXVI


Comment se passa la seconde entrevue avec ma mère et comment le docteur Béatin se trouva dans un étrange embarras.


Quoique les tendres ardeurs du marquis ne m’eussent laissé que quelques heures de sommeil, je m’éveillai plus tôt qu’à l’ordinaire et me levai tout de suite. Impatiente de revoir mon aimable mère, je fis à la hâte une toilette du matin et partis sans Sylvina, pour qui dormir était devenu l’un des plus grands plaisirs de la vie. Il n’était pas encore jour chez Zéila, mais le suisse avait des ordres, je fus reçue. Qu’elle était belle dans son lit ! quel incarnat ! Qu’une de nos femmes à rouge, à blanc, à pommades, eût paru hideuse à côté de Zéila ! À mon âge, je lui disputais à peine le prix de la fraîcheur ! Quelles grâces donnait à son sourire la satisfaction dont on voyait qu’elle jouissait intérieurement ! Je prévenais son envie. Elle avait oublié, la veille, de me demander un moment d’entretien particulier ; elle était sur le point de m’envoyer chercher.

— Tout me sourit maintenant, dit-elle, en me tendant un