Page:Nerciat - Félicia.djvu/280

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dente, et Mme  la présidente (voyez la noirceur) au pauvre président qui, depuis longtemps, ne vivait plus avec elle, mais qu’elle avait cru devoir reprendre à l’occasion de son indisposition dont elle se trouvait affligée. Le bonhomme avait toujours par-ci par-là quelques petites amourettes suspectes ; il s’agissait de lui persuader qu’on tenait de lui ce qu’au contraire on lui donnait. En un mot, toute la maison se trouvait infectée ; on s’était rendu à Paris pour se faire guérir. Les maîtres avaient sué à grands frais dans un hôtel garni ; le pauvre Saint-Jean, abandonné dans la détresse, n’avait eu que Bicêtre pour asile. Le président et la Caffardière étaient, comme l’on voit, hors d’affaire. Le premier en était quitte pour le reste de ses dents et de ses facultés viriles ; l’autre n’avait plus de cheveux ni gras de jambe, mais cela pouvait revenir. Quant aux dames, elles ne jouissaient pas encore d’une bien bonne santé. Le mal faisait surtout de grands ravages chez Mme  la présidente, comme on voit le feu prendre avec fureur dans une vieille cheminée où la suie s’est amassée pendant un demi-siècle. Il fut parlé de tous ces accidents sous les noms décents de goutte et de rhumatisme, mais nous étions bien au fait, nous ne prîmes pas le change. Nous fûmes enchantées de ce que la situation fâcheuse de ces dames nous préservait du malheur de les recevoir souvent : nous n’avions garde de le prévenir.

Lambert et sa petite femme, toujours amoureux, vivaient parfaitement ensemble et s’amusaient à faire des enfants. Mais, à cet égard, on ne nous apprenait rien de nouveau. Nous recevions, de temps en temps, des nouvelles de ces époux que nous chérissions et qui nous étaient sincèrement attachés.