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retour. Il n’avait donc pour moi qu’une amitié tendre, fondée surtout sur ce besoin si pressant chez les personnes préoccupées de parler de ce qui les intéresse. Je croyais avoir du plaisir à entendre mon ami m’entretenir de ses amours ; cependant, j’éprouvais une secrète jalousie, et je me remettais, au moment où je serais sûre de ma santé, à mettre la fidélité du marquis à de fortes épreuves. En un mot, j’avais juré qu’il me délivrerait de mon importun caprice. Je touchais à ce but heureux, quand nous apprîmes la mort de Sylvino. Presque aussitôt le marquis fit une absence, qui ajouta beaucoup à mes chagrins ; ensuite les maladies, les extravagances, les malheurs de Sylvina, tout cela me fit passer des jours bien maussades. La pauvre Thérèse, qui m’aimait tendrement, était, pendant ce temps d’infortune, mon unique consolation. J’avais pris surtout les hommes en horreur. Je faisais coucher Thérèse avec moi. Sensible et folle de plaisir, elle avait la sottise de m’aimer comme un amant, et moi celle de le souffrir, et, permettant un libre essor aux feux libertins de cette soubrette passionnée, je trouvais un soulagement bizarre, dont mes sens, moins refroidis que mon âme, me faisaient éprouver le besoin. La nature ne renonce jamais à ses droits.

Ô vérité ! quels pénibles sacrifices tu viens d’arracher à mon amour-propre !




CHAPITRE XI


Événements intéressants.


La saison était belle : le comte se faisait quelquefois porter au Luxembourg, dont notre hôtel était voisin. Il en revint un jour, fort agité, et même avec de la fièvre. — Je suis perdu, me dit-il, je viens de revoir Mme  de Kerlandec.