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quoi aboutissent toutes ces belles chimères. Une femme a du tempérament ; elle le nie à son amant, à elle-même. Cependant elle se permet d’aimer ; mais elle sépare l’âme des sens et faisant tout pour l’une, rien pour les autres, ceux-ci se révoltent à la première occasion. Un écumeur survient, qui moissonne dans le champ que le cultivateur timide a pris tant de peine à mettre en valeur. »

— « Diabolique chevalier, lui dis-je, tout cela vous sera rendu si jamais vous vous mariez — Si jamais ? Ce sera bientôt, je vous jure. J’y suis condamné par l’invalidité d’un benêt d’aîné qui, végétant dans les drogues et tout à l’étude des anciens, me laissera probablement bientôt l’espérance d’un bel héritage, Mais je compte bien que ma femme ne sera pas une bégueule. Je veux qu’elle soit heureuse et libre ; qu’elle soit l’amie de mes amis, comme je le serai des siens : et pourvu que personne ne s’érige en maître chez moi, où je voudrai qu’elle seule et moi commandions, pourvu qu’elle ne m’associe, ni de ces brigands connus sous le nom de joueurs, ni des ecclésiastiques sournois, ni des pédants affamés, tout ce qu’elle fera sera bien fait, et je ne refuserai à ses plaisirs ni complaisance ni argent. »

Le chevalier était-il un mauvais sujet ? Ceux qui pensent autrement que lui, ces gens qui crient sans cesse à leurs femmes honneur, vertu, vos devoirs, mon autorité, valent-ils mieux ? Décidez, lecteur.




CHAPITRE XXVII


Qui traite de je ne sais quoi.


Milord Sydney m’écrivait souvent : toujours sur le ton de l’amour, mais cependant fort occupé de notre aventurier et