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semblables dans mon entresol, avec lesquelles je monte et descend facilement et sans bruit. Quand une femme a chez elle l’homme qui lui convient, elle est à même d’interdire l’entrée à ceux qui pourraient survenir par les autres routes. De cette façon il est impossible que rien ne se découvre. En vain une belle serait-elle enfermée à triple serrure, en vain le galant avec qui elle serait d’intelligence logerait-il à l’autre l’extrémité du pavillon, un jaloux ne pourrait ni les guetter ni les surprendre. On le ferait cocu sans qu’il pût seulement lui venir un soupçon. Quant à moi, tout m’est connu. J’ai dans mon entresol des moyens tout semblables à ceux d’en haut, moins compliqués seulement et dont personne ne peut se douter. Vous allez juger de l’excellence de ces inventions.

En effet, rien de plus simple. Des portes déguisées cachaient de petits enfoncements où était pratiquée une machine commode sur laquelle on se plaçait. Alors, la personne et le siège se trouvant à peu près en équilibre avec un poids de cent soixante livres qui se mouvait dans l’épaisseur du mur, on montait et redescendait sans peine à la faveur d’une corde perpendiculaire et fortement tendue ; Sydney n’avait que six pieds à monter pour voir ce qui se passait chez les femmes, par les trous des trumeaux dont j’ai parlé. La mécanique de tous ces suspensoirs était faite avec le plus grand soin. Les panneaux qui servaient d’issue s’ouvraient et se fermaient à coulisse et étaient de même parfaitement finis.

Rien n’eût été aussi perfide que ces machines ingénieuses si elles n’eussent pas eu le plaisir pour unique but. Je me proposais d’en donner les figures, de même que le plan de toute la maison qui m’appartient maintenant ; mais, outre que mon architecte m’a prié de n’en rien faire, de peur qu’on ne vînt à contrefaire ce qui lui a coûté tant de peine à imaginer, j’ai pensé qu’il était inutile de dévoiler ces secrets à gens qui pourraient en faire un mauvais usage et pour qui je n’ai pas intention d’écrire. Les voluptueux qui sont assez riches pour se procurer ces superfluités