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recherches… Mais quel fat mon étonnement quand je vis sir Sydney ! Comment se trouvait-il chez moi ? Par où s’était-il introduit ? Je le grondai et me couchai.

— Belle Félicia, me dit-il avec un respect timide, malgré la colère où je vous vois, je me crois fort innocent. Soyez sûre que je n’aurais pas eu la témérité de me rendre auprès de vous si je n’avais pas été certain que vous ne dormiez pas. — Quoi donc ! répliquai-je avec un peu d’humeur, vous étiez caché ? L’on n’est donc pas en sûreté chez vous, sir Sydney ? Je me croyais seule ; et cependant… — Pardonnez, aimable Félicia, pardonnez à un homme qui vous adore une curiosité qui n’a rien d’offensant pour vous. Le propriétaire de cette maison peut pénétrer secrètement dans les appartements de tous ceux qu’il reçoit ; mais je suis généreux et ne veux point abuser avec vous de cet avantage ; et me suis permis une fois, pour ne plus y revenir si vous me défendez, le plaisir de voir votre toilette de nuit. J’attendais que vous vous endormissiez, mais vous avez veillé, et j’ai cru m’apercevoir… — Allez, sir Sydney, dis-je en m’enfonçant sous mes couvertures, vous êtes un homme affreux, vous m’avez fait un tour… que je ne vous pardonnerai de ma vie. — Je mériterai mon pardon, belle Félicia, dit-il, s’agenouillant près du lit et serrant une de mes mains qu’il baisait avec transport. Cependant je ne me sentais guère disposée à lui pardonner d’avoir vu mes folies ; cette idée me donna autant de colère que de confusion. — Je m’y suis bien mal pris, ajouta-t-il d’un ton peiné, si je me suis attiré votre ressentiment, quand, au contraire, tous mes soins, depuis que j’ai le bonheur de vous connaître, n’avaient pour objet que de concilier votre attachement et votre estime. Je m’attendris enfin. — Mais, lui dis-je, cette musique que je viens d’entendre !… — C’est moi, répondit-il, qui vous avais ménagé ce moment de plaisir. Il y a sous tous ces appartements une espèce d’entresol ignoré, dont mon véritable logement fait partie, le reste est partagé en plusieurs petits réduits d’où l’on se rend à des espaces pratiqués dans l’épaisseur des murs : de là on peut entendre,