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suçant avec délire sa belle bouche et lui prodiguant les aveux les plus passionnés. L’aimable prosélyte me laissait faire, attendant en silence à quoi tout cela pourrait aboutir. Je ne me possédais plus. J’allais… mais un obstacle s’éleva. Le trouble du pauvre petit agit cruellement sur l’aiguillon de l’amour qui se glaça dans ma main… Ce terrible contre-temps poussa mes désirs jusqu’à la fureur, je mis en usage tout ce que je pouvais connaître de ressources… Le désenchantement fut prompt, je me hâtai de le mettre à profit. J’appliquai le remède après lequel je languissais. Le docile Monrose reçut la dernière leçon. Je le pressai fortement contre moi par ces coussins potelés dont les charmes font oublier les vues honteuses de la nature ; des mouvements délicieux achevèrent d’éclairer l’heureux Monrose. Je sentis l’instant où Vénus recevait sa première offrande. Le plaisir nous anéantit en même temps.

Ce fut ainsi que je trompai les desseins de la lubrique Sylvina, que je la frustrai d’une fleur précieuse qu’elle était sur le point de cueillir et que je me vengeai d’avoir partagé d’Aiglemont et Fiorelli, des grâces dont je conservais un dépit, qui, peut-être, eût été jusqu’à la haine, sans les bontés infinies dont cette rivale me comblait depuis si longtemps et dont j’étais pénétrée de reconnaissance. Je ne crains point d’avouer mes petitesses ; les femmes s’y reconnaîtront : les hommes ne me sauront pas mauvais gré d’une façon de penser qui prouve quelle importance nous voulons bien attacher à leur conquête.

J’éprouvais les plus délicieuses sensations et m’étonnais de la prodigieuse distance qu’il y a du bonheur d’un homme qui change une fille en femme à celui d’une femme qui reçoit les prémices d’un candidat d’amour. Je venais de goûter avec Monrose des voluptés ravissantes ; et quelle nuit, au contraire, le pauvre d’Aiglemont avait-il passée la première fois avec moi !

Monrose, dans l’ivresse d’une sensation si nouvelle pour lui, n’osait troubler mon amoureuse méditation. Il demeurait dans la voluptueuse situation où je l’avais placé. J’eus