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mon cher Monrose, dis-je en le baisant avec transport, tu vois que je ne suis pas le père principal. — Je n’y suis plus, répondit-il avec un peu de confusion. Cependant une de ses mains visitait curieusement ce nouveau pays et les environs qui lui étaient moins étrangers, l’autre prenait plaisir à manier le satin de ma gorge… Il haletait, consumé de désirs dont il ignorait encore l’objet et le remède… Ses nouvelles découvertes l’avaient absolument désorienté.

Je jouissais à mon aise de son délicieux étonnement. — Eh bien, Monrose, lui dis-je, il n’y a rien à craindre avec moi. Je ne te ferai point de sottises. — Hélas non, répondit-il en soupirant : mais si Carvel eût été vous, ou si vous étiez tout de bon le père principal, je sens que je ne pourrais résister au désir d’en faire et de m’en laisser faire, car je sais que nous avons l’un et l’autre avantage. — Eh bien, dis-je au comble de l’égarement, puisque je suis malheureusement dans l’impuissance de tirer parti de ta volonté, fais du moins ce que tu voudras.

Le pauvre Monrose fut encore plus embarrassé ; il n’avait qu’un objet ; encore en était-il à la simple spéculation. Je le désespérais surtout par une attitude aussi contraire à ses vues que favorables aux miennes. — Viens dans mes bras, lui dis-je, peut-être se fera-t-il quelque miracle en notre faveur.




CHAPITRE IX


Fin du noviciat de Monrose.


Il obéit avec transport. J’étais aux cieux, sentant sur mon corps embrasé le poids léger de celui de mon jeune amant. Il tremblait. Il ne savait comment se soutenir. Je le tins longtemps serré contre mon sein, le dévorant de mes baisers,