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CHAPITRE VII


Où l’on retrouve des gens de connaissance.


Cependant je ne m’étais encore arrangée avec aucun des deux quand monseigneur et son neveu vinrent, tout à coup, nous surprendre. Sa Grandeur nous avait écrit à l’occasion de notre malheureuse aventure ; depuis notre réponse, nous n’avions plus reçu de ses nouvelles, et nous étions bien éloignées de le supposer sitôt de retour à Paris. Nous philosophions assez sérieusement avec Sir Sidney lorsque ces aimables gens tombèrent pour nous des nues. Quand le laquais les annonça, nous lui fîmes répéter deux fois ces noms si connus, que nous ne pouvions encore nous persuader d’avoir bien entendus.

La présence de l’Anglais obligea monseigneur à paraître moins familier qu’il n’eût pu se le permettre si nous eussions été seules. D’Aiglemont suivit son exemple, et l’entrevue se passa le plus décemment du monde. Ces messieurs eurent bientôt fait connaissance, quand nous eûmes conté aux derniers venus qu’ils voyaient dans Sydney et Monrose nos libérateurs, et à ceux-ci que nous sortions de chez Sa Grandeur quand nous avions eu le malheur d’être attaquées. Monrose fut fort caressé de l’oncle et du neveu et se tira très bien d’affaire. D’Aiglemont, toujours prêt à persifler, lui dit qu’il ne pouvait avoir obligé des personnes plus reconnaissantes et plus faites pour encourager une belle âme à rendre des services. J’eus un secret dépit de me voir si justement soupçonnée, et cela m’affermit dans le projet de récompenser le cher Monrose. Mon air piqué fut, sans doute, remarqué de d’Aiglemont, que je vis sourire malignement.

Sir Sydney, depuis qu’il vivait avec nous, s’étant conduit de manière à ne pas laisser à Sylvina l’espérance de le prendre dans ses filets, elle se rabattit ouvertement sur Monseigneur ; je crus lire dans la physionomie de l’Anglais