de ses compatriotes. On ne pouvait enfin se lasser de voir, d’écouter, d’admirer le chevalier Sydney. C’est ainsi qu’un de ses gens nous apprit qu’il se nommait.
Avec quelle bonté, surtout, il traitait l’aimable Monrose ! — Mon ami, lui disait-il, en lui frappant amicalement sur l’épaule, heureux les guerriers qui ont par devers eux, au bout de leur carrière, un seul trait qui vaille celui que tu viens de donner au début de la tienne ! sois conséquent, et tu seras le modèle des hommes braves et généreux. — Le modeste Monrose répondait de son mieux, par ses caresses, à tout ce que le chevalier lui disait d’obligeant.
Cet Anglais, si différent en apparence des gens que nous avions coutume de voir, nous aurait peut-être beaucoup moins plu, malgré ses belles qualités, si nous ne lui avions pas été aussi redevables. Il en imposait surtout à Sylvina, qui ne pouvait sortir avec lui du ton du respect et de la cérémonie. Quant à moi, je ne savais quel penchant m’entraînait vers sir Sydney ; et lui-même, malgré le partage à peu près égal de ses attentions, me paraissait profondément occupé de moi : ses yeux y revenaient sans cesse ; mais je ne pouvais comprendre pourquoi je les voyais s’attrister en me fixant. Ceux de Monrose tenaient une conduite tout à fait différente. Le pauvre petit me regardait furtivement et ne le faisait jamais sans rougir. Si nous nous rencontrions, il détournait la vue, pourvu qu’il y songeât ; car, lorsque le plaisir de me contempler lui faisait oublier la convention qu’il pouvait avoir faite avec lui-même de s’en abstenir, le fripon se déridait, son visage pétillait, j’y lisais qu’il mourait d’envie de se jeter à mon cou.
Nous devions arriver à Paris le soir du lendemain. Le chevalier ayant ordonné au laquais, qui le servait à table, de repartir bientôt, afin d’avoir le temps de lui trouver un logement convenable, nous lui en offrîmes un chez nous, en attendant ; mais il n’accepta point et se contenta de prendre notre adresse, après avoir demandé la permission de nous venir voir. Ensuite il alla reposer, devant se mettre en route de meilleure heure que nous. Avant de nous quitter,