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et m’avouait qu’il n’avait pas imaginé, dans le délire de la première jouissance, la rare perfection des attraits qui s’offraient à ses regards.

L’admiration fit renaître ses désirs avec une nouvelle fureur. Il venait de pousser les miens à l’excès par de voluptueux préludes. Nous nous unîmes avec les transports les plus passionnés… Nos transports ne peuvent se décrire… Deux fois encore nous expirâmes dans les bras l’un de l’autre… L’épuisement seul de nos esprits eût pu mettre fin à d’aussi ravissants ébats, si quelqu’un qui frappait à ma porte à coups redoublés ne nous eût arrachés à notre bonheur : il fallut cesser… répondre… ouvrir…




CHAPITRE XXIII


Qui frappait, et des belles choses que je vis.


C’était Thérèse, fort effrayée. Elle nous dit en entrant : « Tout est perdu, mademoiselle, si quelqu’un ne retrouve un peu de raison et de bon sens dans ce moment critique et ne prévient le malheur dont nous sommes menacés. Une foule de gens amassés devant la maison depuis plusieurs heures prétendent devoir prendre connaissance de ce qui se passe et parlent d’enfoncer les portes. Il est vrai qu’il se fait du haut en bas un tintamarre affreux. On a entendu des cris chez Mme Dupré. C’est cet enragé de M. d’Aiglemont qui s’est fourré chez elle : Dieu sait ce qu’il y fait. On était collé aux barreaux. Les uns prétendent que la pauvre dame a été maltraitée, d’autres ricanent et présument qu’au contraire elle a très bien passé son temps : même tapage en haut. Ce gros cochon de Fiorelli (je demande pardon à monsieur) jure comme un diable après une de ses filles, qui se refuse à certains caprices… Près de là, l’on entend rire,