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d’aimer sans espérance et la douleur de voir ma chère Argentine malheureuse pour avoir voulu me servir… »

Géronimo, que j’écoutais avec un plaisir inexprimable, allait continuer. Mais Thérèse, accourant, nous annonça le retour de Sylvina, suivie de notre hôtesse et de l’ami Lambert. Nous nous mîmes au clavecin et commençâmes un duo de chant ; Thérèse, assise et travaillant auprès de nous, avait l’air de ne nous avoir point quittés. Il eût été bien difficile à ma rivale, malgré toute sa pénétration, de deviner qu’il venait de se passer une scène si préjudiciable à son amour.




CHAPITRE XX


Qui prépare à des choses intéressantes.


Monseigneur était attentif à saisir les moindres occasions d’obliger ses amis. Mon état languissant lui causait de vives inquiétudes ; j’étais depuis quelque temps si différente de ce qu’il m’avait toujours vue qu’il craignait que je n’eusse des vapeurs ou que je ne fusse menacée de quelque grande maladie. En conséquence, voulant essayer de me distraire, il m’avait ménagé pour ce même jour la surprise agréable de quelques amusements qui devaient remplir la soirée. D’Aiglemont avait reçu de Paris de la musique admirable, nouvelle et destinée aux plaisirs des petits comités. Il s’agissait de me la faire entendre. Le chevalier, deux jeunes officiers pleins de talents, avec lesquels il avait fait connaissance, et Géronimo, qui jouait supérieurement de la basse, suffisaient pour l’exécution. Ces pièces devaient être mêlées de quelques ariettes, chantées par Argentine et Camille. Après ce petit concert, nous soupions. Le projet était de beaucoup rire et boire.