tion de sa part, elle n’avait travaillé jusque-là que pour elle-même, essayant de persuader au modeste Italien qu’il serait impossible de m’enlever au chevalier dont j’étais idolâtre. « Et vous faites sans doute tout ce qu’il faut, mademoiselle Thérèse, pour prouver à Fiorelli combien il serait plus avantageux pour lui que ses vœux s’adressassent à vous ? — Ah ! si j’avais pu, mademoiselle ! — Comment ? Si vous l’aviez pu ! — Sans doute, ce n’est pas un Caffardot, celui-ci ! il eût été plus traitable. Mais… — Mais ! achevez. — Je vous dirai tout, mademoiselle… Cependant, soyez tranquille : je me sacrifie… et d’ailleurs que m’en reviendra-t-il ?… Non, cela n’est pas possible… vous l’aurez, ma chère maîtresse, je le dois pour vous, pour lui, pour moi-même… » Puis elle s’échappa les yeux noyés de larmes, et me laissa fort étonnée, et surtout très satisfaite de notre singulier entretien.
CHAPITRE XIX
La joie du captif qui voit compter l’argent de sa rançon et détacher ses fers ; celle du marin, lorsque, menacé du naufrage, il voit tout à coup les vents s’apaiser et les vagues s’aplanir, approche à peine de ce que l’importante promesse de Thérèse venait de me faire éprouver. J’étais encore plongée dans une douce rêverie ; mon âme s’égarait avec délices dans les riantes perspectives de l’espérance, quand l’objet de ma passion me fut annoncé.
Sylvina n’était point à la maison : le mal-être dont je me plaignais depuis quelques jours m’avait servi de prétexte pour ne pas l’accompagner ; j’avais saisi ce moment pour parler à Thérèse de mon amour jaloux et malheureux…