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En effet, accoutumée à la musique mesurée, phrasée, aux roulades, aux traits saillants et légers, je ne vins point à bout de saisir les beautés du genre établi. J’étais sottement fidèle à la mesure ; je n’avais pas assez de timbre, j’éclatais de rire au milieu d’un ah !

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Le président et M. Criardet y perdaient leur science. Ils m’excédaient ; je les envoyais paître ; un jour, enfin, monseigneur survint pendant qu’on me persécutait pour me faire brailler. Ah ! que ma voix me devient chère, etc., tandis que je maudissais le malheur d’en avoir une qui m’exposait à tant d’ennuis. Monseigneur, qui haïssait la musique française, et surtout les pédants, mit M. Criardet à la porte, lava la tête au président, lui soutint que mon chant était fait pour plaire partout ailleurs que dans une ville barbare, digne patrie de l’ignorance et du mauvais goût, et conclut en assurant qu’il ne souffrirait pas que je débutasse au concert, dût-il payer le dédit de mon engagement, ou faire venir à ses frais, pour me remplacer, quelque vétérane des chœurs de l’Opéra.




CHAPITRE XVII


Peu intéressant, mais nécessaire.


Un hasard heureux me vengea sur-le-champ de la musique française, à qui je venais de jurer une haine immortelle. À peine avais-je essuyé des disgrâces à son occasion, qu’elle reçut un violent échec, dans cette même ville, regardée jusque-là comme le plus impénétrable de ses retranchements.

La comédie était mauvaise, et par conséquent peu suivie : il passa une troupe d’excellents bouffons italiens qui, reve-