Page:Nerciat - Félicia.djvu/112

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

me divertissait au possible. En un mot, j’unis mon intention à ce couple fortuné, l’écho de leurs plaisirs retentit plusieurs fois en moi. Je m’endormis au plus doux murmure de leurs voluptueuses caresses et dans l’étonnement que me causait la durée de ces débats. Voilà les fruits de la sagesse ; heureux qui commence tard à jouir !




CHAPITRE VIII


De la culotte de M. Caffardot.


Ô dévots ! que ce qui arriva de sinistre à M. Caffardot pour s’être ainsi laissé corrompre vous effraie et vous apprenne à résister courageusement aux pernicieuses impulsions de la chair. Le châtiment suit de près le crime. Les mortels privilégiés qui entretiennent une correspondance quotidienne avec le ciel en sont remarqués dans leurs moindres peccadilles, tandis que les pécheurs endurcis, méconnus à la cour céleste, se livrent sans trouble à leurs coupables excès. Mais aussi, gare le jour des vengeances ! c’est alors que ceux qui auront amassé sur leurs têtes des monceaux d’iniquités en verront avec effroi l’énorme liste offerte à leurs yeux par l’ange exterminateur : ceux, au contraire, qui auront été châtiés dès cette vie et que cela aura beaucoup aidés à se repentir trouveront pour eux la fatale balance en équilibre et monteront d’emblée au séjour de l’éternelle félicité. Heureux, trop heureux Caffardot, à qui la bonté divine ménagea des punitions aussitôt qu’il eut failli !

Je venais de m’éveiller, une pendule sonna cinq heures. Les amants fatigués dormaient à leur tour, j’en fus assurée par le bruit distinct de deux ronflements, dont le mâle surtout annonçait le plus profond sommeil. — Je ne vois