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du parjure : j’ai juré, dans mon amour excessif, de ne me lier indissolublement à toi que lorsque ta passion et la mienne auraient subi la plus forte des épreuves, lorsque je me serais assurée qu’après avoir joui de ton amante, tu sauras encore en connaître le prix, et que de même, après t’avoir possédé, j’en conserverai le désir, au point de souhaiter que nous soyons l’un à l’autre le reste de nos jours. Où en serions-nous, dis-moi, si après quelques mois de mariage, dégoûtés réciproquement, nous venions à détester nos liens ? Or, si ce dégoût peut naître de la jouissance, ne vaut-il pas mieux en courir les risques avant les sacrements ? Quelles délices, au contraire, si lorsque j’aurais fait pour toi ce qui, dit-on, déshonore une femme, je te vois rechercher avec le même empressement le bonheur de m’épouser ! Quel rempart pour ma tendresse que la reconnaissance infinie dont je me sentirais redevable envers le plus généreux des amants !… »

Cela était trop subtil et trop pressant pour notre Joseph ; il ne sut qu’y répondre… À quoi bon faire attendre plus longtemps le dénouement imprévu de cette singulière scène ? L’amour… la nature… l’imbécillité elle-même, réunies contre les préjugés, remportèrent sur eux un complet avantage. Après plusieurs si, mais, cependant, le sot, que la fausse Éléonore comblait de caresses perfides, chancela… s’oublia… partagea le lit de la lubrique Thérèse… On peut s’en rapporter pour le reste à l’expérience et à l’avidité de cette actrice passionnée.

L’effronterie avec laquelle la soubrette me manquait dans cette occasion excita d’abord une colère que j’eus peine à réprimer ; mais bientôt les doux accents de ces ravissements m’intéressèrent, et je fus au-devant de tout ce qui pouvait la justifier. Je compris que, comptant sur mon sommeil et trouvant une occasion aussi favorable de se venger, elle était excusable de l’avoir saisie. La part que je l’entendais prendre aux travaux de l’heureux prosélyte allumait en moi mille feux. Caffardot, qui, dans ses ravissements, laissait échapper quelques Sainte-Vierge, Saint-Esprit, Ah ! doux Jésus !