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on dit comme le cocher admonesté „ cela m’empechera-t-il de mener mon fiacre ?

Mde. Prudejoye. Vous avés beau jeu, vous autres hommes, à vous battre l’œil, des sots propos ; mais nous autres !

Mlle. de Franchemotte. Et moi qui pense comme ces Messieurs, je suis pourtant une fille.

Mde. de Prudejoye. Une fille ! Quelle expression ! Ne savés-vous pas mon cœur, que fille veut dire maintenant une sottise ? et que fille et catin sont synonimes ?

Mlle. de Franchemotte. Que suis je donc ?

Mde. de Prudejoye. Une demoiselle, une jeune personne.

Mlle. de Franchemotte. Le bon Dieu les bénisse avec leur jeune personne. Mon petit Jokey est une jeune personne aussi…

l’Abbé. Du moins, le mien me sert au même usage…

Mde. de Prudejoye. Fi donc, l’Abbé ! convient-on de semblable horreur !

La Présidente. Ça mes enfans : ne nous chamaillons point portons plutôt la guerre sur le terrein étranger… Qu’est ce que la du Puisard, pour son compte pensait de cette liste ?

Mde. de Prudejoye. Elle était parbleu la plus acharnée à déchirer cette pauvre Fourchaud…

La Présidente. Voyés un peu ! Cela sied bien vraiment à cette Paillasse ! S’il s’était trouvé là des gens qui la connussent comme je la connais…

Mde. de Prudejoye. N’est ce pas ? j’aurais de tout tems parié que la comemère ne vaut pas mieux qu’une autre ?