Page:Nerciat - Contes saugrenus, 1799.djvu/45

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 31 )

Mde. de la Grapiniere. Quoi, Monsieur ! prenés-vous mon appartement pour un café ?…

Mlle. Desaccords. Pourquoi pas ! Il vient d’y prendre une glace.

Mde. de la Grapiniere. Desaccords, vous abusés enfin des bontés qu’on a pour vous…

Le Comte. (vivement) Je me tuais tout-à-l’heure de lui dire…

Mlle. Desaccords. (se disposant à sortir.) Je n’en abuserai plus dans cette maison, Madame. Je me rétire : aussi bien avés-vous une revanche à donner…

Mde. de la Grapiniere. L’infame ! je ne sais qui me retient de lui donner vingt soufflets…

Mlle. Desaccords. Vous n’en ferés rien, ingrate. Vous ne m’aimés pas assés pour me donner cette preuve……

Mde. de la Grapiniere. (lui donnant un soufflet terrible) Tiens donc, scélérate.

Le Comte. Holà, mes Dames…

Mlle. Desaccords. (se jettant au cou de Mde. de la Grapinière) Ah ! voilà ce qu’il me fallait pour me rappeller que je te suis encore chère.

Le Comte. En voici bien d’une autre !

Le Comte est oublié. Les têtes des combattantes se trouvent montées. Après en ardent baiser, Mlle. Desaccords ramène la financière sur le canapé, tout à l’heure honoré d’un triomphe, puis humilié d’une défaite de Mr. de Charbade. Là, Mlle. Desaccords déploye son adresse à tromper le vœu de la Nature[1]. Mde. de la Grapinière, déjà un peu usée

  1. C’est l’instant du sujet de la Planche II.