Page:Nerciat - Contes saugrenus, 1799.djvu/29

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 15 )


ramene au gîte l’hôte imprudemment éconduit. — C’est après ce premier acte de la plus chaude pantomine que naît l’instant dont rend compte la première planche. Des bras de Firmin, Mlle . Lajoie passe dans ceux de Gérard, et Mlle . de Beaucoutour, toute troussée pour ne pas perdre une seconde, va se livrer à l’intéressant Firmin. — Celui-ci qui, du coin de l’œil avait fort lorgné le plus beau fessier qu’il eût vu de sa vie, attend avec passion l’approche de ce ravissant objet. Il ose prier qu’on lui en permette un moment l’enyvrant examen… On est bonne, on a de la vanité, on est sensible à cet hommage qui décéle chés l’agreste Firmin des dispositions à sentir la valeur des accessoires amoureux. Tout genre d’admiration frappe et séduit une femme de plaisir. C’est donc avec une très gracieuse complaisance, que Mlle . de Beaucontour livre à la plus attentive contemplation de son futur partner, sa ronde, blanche et ferme mappemonde. On voit avec quel respect, indiqué par le mouvement du chapeau, avec quelle passion, autrement exprimée, l’heureux Firmin adore l’ensorcelant postérieur… Mlle . de Beaucontour s’est accrochée à quelques branches pour assurer son équilibre, cette petite scène prépare toutes choses pour que bientôt elle le perde avec plus d’agrément. — Regarde bien, mon ami, dit-elle à l’observateur. Par occasion, tu vas me rendre service… J’éprouve à la fesse gauche une petite cuisson… ne m’y serais-je pas planté quelque brin de paille ?

— Je le vois d’ici, repart Lajoie, tout en continuant la ronde cadence de ses ébats particuliers… Ce n’est pourtant qu’un prétexte afin d’enhardir le beau villageois à pleinement satisfaire son Mouvement de Curiosité.

Pour terminer enfin un détail déjà trop long, disons que le second acte de la comédie est encore une double passade, régime qui (selon Mlle . de Beaucontour) n’est du tout celui de Mr . le Vicomte de Plantaise, peu familier avec les doublets. — Les galans avaient eu l’attention de tenir prête, au fond de la hute, une collation champêtre toute composée d’excellent laitage et des fruits variés dont les heureuses contrées où se passe cette scène, sont si prodigues en automne. Ensuite on se permet encore de reprendre, mais une fois seulement, chacun des amoureux jouvenceaux ; de sorte que chacune de ces demoi-