Page:Nerciat - Contes saugrenus, 1799.djvu/20

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 6 )

Lajoie. Quoi ! vous ne sauriés donner à votre caprice un bon rendés-vous, et… Parbleu ! vous avés l’esprit bien bouché, si vous ne devinés pas le reste.

Mlle . de Beaucontour. Mais, ma chère ! c’est ce que nous avons déjà fait…

Lajoie. Il vous a eue ?

Mlle . de Beaucontour. Est-ce-qu’on convient de ces choses-là ?…

Lajoie. Vous n’en convenés pas ! fort bien, mais comme vous ne le niés pas non plus, on sait à quoi s’en tenir. — Concluons. Vous aimés, on vous aime, vous vous en êtes donné des preuves mutuelles : que vous faut-il donc davantage ?

Mlle . de Beaucontour. J’avoue, Lajoie, que je m’étais flattée de rendre la passion du Vicomte de plus en plus vive, et de le déterminer enfin à m’épouser.

Lajoie. En conscience, Mademoiselle… vous, la fille apparente d’un simple capitaine de nos chasses, quoique l’on ne doute point qu’un Prince vous fabriqua…

Mlle . de Beaucontour. Oui : mais mon pere putatif est lui-même de bonne noblesse…

Lajoie. Je ne vous le conteste point. Cependant il n’en est pas moins, (soit dit sans vous offenser) un honnête gagiste. Et votre Vicomte ! petit neveu d’une maréchale de France, fils, frère, cousin, allié des plus hupés de la cour, présenté lui-même, et tout-à-l’heure major en second ; car on dit qu’il danse à merveilles : fait pour aller à tout en un mot.

Mlle . de Beaucontour. Où en veux-tu venir ?