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tantôt, dans l’ombre, une humble violette que trahit son suave parfum ; tantôt, une lampe voilée, répandant au dehors une lumière adoucie et tranquille.

Telle, à tous les temps, dans tous les lieux, chez tous les peuples et civilisés et incultes ou barbares, elle est ressentie, elle s’insinue et, comme au berceau du premier des humains, jusques au sein des hordes dérobées à nos horizons, venant en lumière, chacune à son heure.

C’est le gage de la paix des nations, le lien des familles, le lien des particuliers, le lien de l’univers.

En effet, à tous les points du globe, en toute condition, l’homme ne cherche donc pas un appui. Or, lequel plus doux, lequel plus fort, lequel comme l’amitié ?

Aux confins de notre occident, aujourd’hui livré aux pénitents du Démon, dans les cris de rage, les convulsions de la sauvagerie et tout le fracas d’effroyables tempêtes, entre la génération qui vient et la génération qui s’en va, qu’elle devrait être autrement ressentie, encore plus chère !

Dans l’étourdissement général cependant, qui comprend ? Qui regarde des yeux de l’âme ? Qui écoute des oreilles du cœur ? Qui a des idées ?

Ces hommes dont les meilleurs sont des ronces et les