Heureusement !
Par cette fin d’automne, et la température
N’est pas clémente aux pauvres gens.
Qu’il fait un temps à ne pas mettre un chien dehors !…
Pas même un vagabond !
Ne vous arrivera. D’ailleurs, à notre porte,
Nous n’avons pas besoin de chien pour parader
Car notre pauvreté suffit à nous garder.
Quoi ?… Votre pauvreté ?… Pardon si je m’étonne,
C’est surprenant de voir un pauvre qui me donne
Ce qu’un riche m’a refusé !… Vous n’avez rien
Et vous faites la charité ?… Mais c’est très bien !
Oh ! J’aimerais pouvoir en faire davantage
Afin de compenser ce que, dans le village,
Les gens ont fait pour nous. Presque tous nos voisins
Nous ont bien secourus !… Tous… à part quelques-uns !
Quelques-uns comme ceux qui m’ont fermé leur porte…
Oui ! ceux-là justement, qui vont agir en sorte
Que demain nos enfants n’auront plus de maison.
Il faudra bien qu’un jour, ils en rendent raison !
Mais ils seront punis ! Cela, je vous l’assure !…
Ils seront bien punis !… Devant Dieu, je le jure !
Je ne leur en veux pas ! Ils aiment trop l’argent
Et leur orgueil rougit de me voir indigent.
Voilà ! J’ai pris du temps !… Je n’avais plus de braise
Et la bise du nord soufflait dans ma fournaise !…
Buvez cela bien chaud !… Ensuite… vous aurez
Un bon morceau de lard et des rillons dorés.