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LE CRIME D’UN PÈRE

LA VIE CANADIENNE

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bout d’un an le palais des bêtes s’ouvrait avec ses splendeurs nouvelles.

La fortune disparue revient comme par magie. On ne pouvait pas ne pas céder à Barnum. Toujours plus étonnant que la veille, il est l’auteur de presque tout ce que nous voyons “dans sa ligne d’affaire ”. Je l’ai rencontré à Boston, en 1865. C’était un homme jovial, tout en dehors, rien de renfrogué, oh ! certes non, il débordait de bonne humeur et aussi de sentences solennelles, pratiques, sérieuses, dites en riant, et en somme, c’était un être inoubliable. Il mourut en 1897.

Benjamin SULTE-

“Derrière la Scène’’

(Par Françoise Gaudet)

“Le rôle des femmes chrétiennes, écrivait Ozanam, ressemble à celui des anges gardiens : elles peuvent conduire le monde, mais en restant invisibles comme eux". Telle est la pensée qui, sans être citée textuellement, est à la base du livre de Françoise Gaudet, Derrière la scène. La gravure du frontispice en fait foi : à travers l’entre-bâillement d’un rideau, un coin de salon moderne s’offre à nos yeux ; là, un homme est affalé sur un divan, dans une attitude de prostration ; mais une femme se tient debout derrière lui ; d’une main, elle relève cette tête fatiguée, tandis que l’autre main dirigée vers un point lumineux symbolise sans doute un avenir plein d’espoir. Et cela nous rappelle le beau roman de Jules Larivière, Y Associée silencieuse, où une femme de coeur était également l’inspiratrice de son compagnon désemparé. Singulier mystère du couple humain ! Les épouses, si frêles en apparence, ont des réserves d’énergie qu’elles savent communiquer à leurs époux. Durant les heures sombres, alors que croulent les plans les mieux raisonnés par le cerveau masculin, l’intuition féminine intervient pour trouver une solution aux problèmes apparemment insolubles. L’Eve fragile qui perdit l’humanité après la création est devenue une rédemptrice sublime, à l’image de la Vierge qui nous a donné le Christ.

Françoise Gaudet va illustrer cette doctrine par une série de morceaux où elle se propose d’élever les âmes de ses soeurs jusqu’au niveau de leur discrète et puissante mission.

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Le livre n’est autre chose qu’un recueil d’articles écrits au fil des jours. L’auteur emprunte sa matière aux plus minutieuses circonstances d’une vie de fillette, de jeune fille, de femme adulte. Sa méthode n’a rien de compliqué : d’une plume alerte, elle décrit tantôt l’intérieur du foyer, tantôt la nature extérieure entrevue par la fenêtre ; il va sans dire qu’elle n’oublie pas l’église où elle se plaît à porter ses pas, non plus que le couvent où s’écoulèrent ses jeunes années. Ne cherchez dans ce volume ni profondes théories philosophiques, ni commentaires érudits sur les grands écrivains. La personne qui tient la plume a fait de sérieuses études, et il y paraît. Mais une réserve instinctive la tient à l’écart de tout pédantisme ; on dirait qu elle a pris pour règle cette sentence de Fénelon, dans son “Traité sur l’éducation des filles” : “Il y a, pour leur sexe, une pudeur sur la science, presque aussi délicate que celle qu’inspire l’horreur du vice". Voilà pourquoi l’ouvrage n’a rien de saillant et échappe à toute analyse. Il est parsemé çà et là de “fioretti” qui évoquent les passages où le charmant François d’Assise découvre Dieu dans la nature environnante. Goûtez un peu ces émotions sur un nid dissimulé dans un bocage ! “Un nid ! cela met des gazouillis dans les ramures, des roulades sous la feuillée, des trilles harmonieux, des battements d’ailes. Un nid ! que de mystères il représente, que de chansons et quel dévouement !

Un nid, c’est la maison où la sollicitude 

affectueuse des époux prépare le berceau des petits, veille sur leur enfance, sur leur jeunesse, jusqu’à l’heure où les ailes s’ouvriront, s’essayant au vol...” Plus loin, la liturgie catholique répond à ces mélodies par l’explosion des joies pascales : “Alléluia ! joyeusement, les cloches carillonnent dans l’air matinal. Sur des tons nouveaux, les orgues chantent, pendant que les fidèles disent au Grand Vainqueur de la mort leurs meilleures prières. La nature s’embellit pour parler d’espoir et de renouveau. Les lys et les roses ont fleuri tout exprès pour que Pâques soit plus beau. C’est la fête de la Résurrection ! ”