Page:Nel - Le crime d'un père, 1930.djvu/45

Cette page n’est pas destinée à être corrigée.
43
LE CRIME D’UN PÈRE

LA VIE CANADIENNE

43

En 1837, il fut parmi les membres les plus ardents des Fils de la liberté. Cette même année, on cite une autre chanson du crû de Cartier, Mon pays avant tout, qu’il aurait entonnée lors de la célébration du 24 juin, mais dont on ne connaît pas le texte. Les événements politiques se succédaient avec précipitation. Les esprits étaient à la révolte. Cartier, comme bien d’autres patriotes compromis pour avoir pris part aux combats de la rivière Richelieu, dût s’expatrier dans le Vermont, afin d’échapper à la prison. Il revient au pays en 1838 et y reprit sa profession d’avocat en 1839. Dans les papiers de Ludger Duvernay conservés aux archives de la province de Québec, papiers catalogués par l’abbé Ivanhoé Caron dans le Rapport de l’Archiviste de la Province de Québec pour 1926-1927, il y a des lettres et autres pièces qui nous font voir que, durant leur exil à Burlington, les choses ne marchaient plus aussi bien entre Cartier et Duvernay. Il s’agirait de certaines créances dues à Cartier par Duvernay ; ces animosités entre les deux chefs n’étaient pas encore éteintes en 1840, mais en 1843 elles paraissent oubliées de part et d’autre. En effet, lors de la réorganisation de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, le 9 juin, dans une des salles du marché Sainte-Anne (aujourd’hui place d’Youville), sous la présidence de l’honorable Denis-Benjamin Viger, Duvernay et Cartier sont présents et celui-ci agit comme secrétaire-trésorier de l’assemblée. Le 5 juin 1854, il est élu président de l’association et fut réélu pour un second terme le 4 juin 1855. C’est sous sa présidence qu’eut lieu, le 21 octobre 1855, la translation dans le nouveau cimetière de la Côte-des-Neiges des restes mortels de Ludger Duvernay, décédé le 28 novembre 1852. Cartier fit alors un discours très patriotique, qu’on cite encore aujourd’hui, dans lequel il rend pleine justice au fondateur de notre société nationale.

Sir Georges-Etienne Cartier mourut à Londres, le 20 mai 1873, alors qu’il était ministre de la milice dans le gouvernement de sir John-A. MacDonald. Sa dépouille fut ramenée à Montréal où il eut des funérailles imposantes et qui ne se sont jamais revues dans la métropole.

Gérard MALCHELOSSE.

NOS ANECDOTES

Un télégramme fâcheux

Reportons-nous au temps des barouches (appelées parfois du nom peu gracieux de planches). A cette époque déjà lointaine, on ne parlait encore que de traction animale, (chevaux et boeufs) et Sainte-Geneviève de Batiscan, chef-lieu du comté de Champlain ne pouvait communiquer avec la ville des Trois-Rivières que par voitures ou traîneaux. Et comme la distance, entre les deux localités était de 21 ou 26 milles, selon la route choisie, il arrivait que les voitures “légères” prenaient environ trois heures et les voitures de charges encore bien plus, p<*ur rouler d’un lieu à l’autre. La vitesse, on le conçoit, dépendait du genre de véhicule, de l’âge ou de l’ardeur du cheval, ainsi que de l’état des chemins, lesquels étaient en grande partie sablonneux.

Un jour, le regretté François Vcillet, fin conteur d’anecdotes et qui fut de longues années, bedeau et sacristain estimé de Sainte-Geneviève, dut se rendre aux Trois-Rivières, porter des objets et en rapporter des marchandises. Il revenait lentement, fumant sa pipe avec gaieté et philosophie. Mais sa bête, d’âge respectable, ne semblait guère apprécier ni sa charge, ni les chemins malaisés, parsemés d’ornières, qu’il fallait suivre. Au Cap-de-Ia-Madeleine, notre bedeau constatât, avec émoi, que sa rossinante refusait d’aller plus loin. La pauvre bête n’en pouvait plus.

Un bedeau a des devoirs à remplir. Aussi cet arrêt obligatoire à plusieurs lieues de chez lui, le mettait dans l’embarras. Que faire ? Impossible de téléphoner, Graham Bell, n’avait pas encore commercialisé son invention. Toutefois, en bon mari et en excellent bedeau, François Veillet jugea qu’il devait utiliser le télégraphe pour rassurer sa femme et dire à son fils AJ pliée, de le remplacer à Sainte-Geneviève-de-Bastiscan, le bureau du télégraphe était alors tenu par Mlle Luisella Massicotte, plus tard, madame Biron. Et