42 LA VIE CANADIENNE LE COIN DU POETE CHANTE Hommage à Blanche Lamontagne La pensée est au fond de tout, Ensuite il faut savoir écrire, Couper le vers, mettre partout Ce que tu sais si bien nous dire. Ton esprit, ton âme, ton coeur, Trois instruments d’accords magiques, Se font entendre comme un choeur Dans tes couplets pratriotiques. Chanter les gens de la maison, Leur courage et leur industrie, Les bois, le fleuve ou la moisson, C’est nous parler de la patrie. Chanter les refrains du berceau, Le feu dans l’âtre qui pétille, Ou le rouet et le fuseau, C’est nous parler de la famille. Sur un plan simplement conçu Saisir la vie humble et petite, Prenant la trame et le tissu Au foyer meme où l’on habite ; Savoir choisir dans ce milieu Un thème clair qui se soutienne, C’est nous dépeindre en temps et lieu Le Canadien, la Canadienne. Ta pensée anime un portrait. L’art est léger mais il s’impose Et je découvre plus d’un trait Qui porte droit et qui repose. Sentiment de l’intérieur, Rêves cachés de l’existence, Propos chagrin, sujet rieur, Tout est compris dans une stance. Surtout la femme du logis ! Voilà la note où je t’admire. Chante ! nous sommes tes amis Et dans tes vers chacun se mire. 28 juillet 1919. Benjamin SU LTE. Sir Georges-Etienne Cartier et la Saint-Jean-Baptiste La génération présente s’est familiarisée avec la physionomie morale de Sir Georges-Etienne Cartier et avec l’étendue et les conséquences de ses oeuvres depuis que les Suite, les DeCelles, les Boyd et autres nous ont fait connaître par le détail l’existence de ce patriote dont les vues, les aspirations et les accomplissements sont comme marqués du sceau du génie. Placé au seuil d’un nouvel ordre de choses dans notre vie nationale, Cartier a redressé ce qui l’a précédé, en même temps qu’il a tracé une large voie à ses successeurs. Avant que de devenir le principal artisan du pacte fédératif de 1867, il fut l’un des organisateurs-fondateurs de la Société Saint-Jean-Baptiste, et, à ce titre, il mérite d’être cité au tableau d’honneur. Georges-Etienne Cartier naquit à Saint-Antoine-sur-Richelieu le 6 septembre 1814. Il fit ses études classiques au collège de Montréal et étudia le droit avec Edouard Rodicr ; en 1835 il était admis au barreau du Bas-C’anada. En 1854. il devenait conseil de la reine et, en 1866, membre honoraire du barreau du Haut-Canada. En 1846, il épousa Hortense, fille de Edouard-Raymond Fabre, négociant, et soeur de S. G. Mgr Fabre, archevêque de Montréal. Cartier n’avait que vingt ans quand il s’intéressa à la politique. En 1834, il soutint la candidature de Louis-Joseph Papineau et de Robert Nelson. On dit qu’il composait contre les bureaucrates des chansons que les électeurs chantaient aux réunions électorales. Cette année 1834, il fut l’un des principaux organisateurs de la Société Saint-Jean-Baptiste, dont Benjamin Suite vient de nous raconter l’histoire, (1) et, le 24 juin, il assistait au banquet donné dans les jardins de l’avocat John McDonell, rue Saint-Antoine, où étaient réunis soixante convives. C’est au cours de cette première célébration de notre fête nationale que Cartier chanta sa pièce devenue par la suite si populaire. O Canada, mon pays, mes amours ! (1) La Saint-Jean-Baptiste, parue aux Editions Edouard Garand, Montréal, 1929. Envoyé franco’. 75 sous.