confiant ses instructions à son contremaître, il avait pris le premier train.
Mis au courant par son ami de la pénible situation de la jeune fille, il l’avait envoyé en ambassadeur, pour annoncer sa visite ; mais, au moment où le brave garçon cherchait en quels termes choisis exprimer sa démarche, Jeannette lui avait demandé de tenir compagnie à Blanche, pendant qu’elle allait faire ses commissions.
Non fâché de retarder un peu l’exécution de sa mission diplomatique, Charlot avait accepté et commençait à toucher un mot de l’affaire à l’enfant, quand un bruit de pas étouffés parvint à son oreille ; intrigué, il éteint vivement la lumière, dit à l’infirme de ne s’étonner de rien et alla se dissimuler dans la chambre à coucher.
C’est là que, voyant avec indignation les manigances du misérable, il eut l’idée de l’épouvanter en se recouvrant d’un drap de lit pour jouer le rôle de fantôme.
Hector avait flâné un moment dans les environs, tâchant de tromper son impatience en regardant les vitrines des magasins ; enfin, ne pouvant plus y tenir, calculant que son camarade devait avoir accompli sa mission, il s’était présenté, très ému, au logement de sa fiancée, mais entendant des bruits insolites, il avait brusquement ouvert la porte, pour se trouver en présence des deux malandrins.
C’est ainsi que cette journée dramatique se termina dans la joie et le dimanche suivant, la bonne Madame Papin, ayant emprunté de la vaisselle et des chaises, servait une joyeuse tablée.
Charlot montrait une verve étourdissante ; bien que son bras fut, pour longtemps peut-être, immobilisé dans un appareil, il considérait cela comme un petit détail lorsqu’il voyait la joie de la petite Blanche, délivrée de son infirmité, le bonheur de Jeannette et d’Hector, discutant la date de leur mariage, enfin, les regards admiratifs de sa brave femme de mère et surtout de sa charmante fiancée, Miss Arabella, qui l’appelait maintenant : son héros.
VI
EXIT LORENZO
Ce récit ne serait ni complet, ni moral, si nous ne faisions connaître à nos lecteurs l’épisode final de la vie dramatique du sinistre Lorenzo.
Nous le trouvons dans trois récentes éditions du « New-York Advertiser », dont nous nous contenterons de traduire fidèlement les articles ayant trait à la fin du trop célèbre bandit.
Le premier de ces articles a pour titre :
Et pour sous-titre :
« La police, armée de mitrailleuses et de bombes asphyxiantes, assiège une maison du « West End ».
En voici la teneur :
« Dans un faubourg de notre ville, deux hommes et une femme luttent depuis plusieurs heures contre la force municipale, qui a recours aux armes les plus modernes : bombes lacrymogènes et mitrailleuses, pour essayer de les amener à capituler. Les assiégés semblent disposer eux-mêmes d’une provision considérable de munitions et, avec une précision remarquable, ils tirent sur les policiers que leur zèle pousse à se découvrir. On compte déjà deux victimes du devoir ; aussi, le chef de la sûreté a-t-il donné des ordres pour que toute imprudence inutile soit évitée ; s’il le faut on attendra que la famine pousse les assiégés à se rendre, plutôt que d’exposer à leurs coups des vies précieuses.
« Cependant, on cherche, par tous les moyens possibles, à rendre leur position intenable ; le feu nourri des mitrailleuses a démantelé les cadres des fenêtres, sur lesquelles restent sans cesse braquées les lueurs de puissants projecteurs, et une escouade de police, ayant réussi à trouver un abri derrière les cheminées d’un toit voisin, projette des grenades asphyxiantes dans le logement où sont cantonnés les « hors de la loi ».
« Notre reporter a réussi à rejoindre le policeman J. B. Wood, qui a été le premier à entrer en contact avec les assiégés ; nous sommes donc en mesure de raconter avec une parfaite exactitude, le début de cette fantastique aventure.
« À six heures quinze, hier soir, un coup de téléphone avertissait le poste de police