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ner les lois de dégénérescence et de transfiguration de la première en la seconde, et enfin composer du dépouillement des manuscrits un dictionnaire et une grammaire, et reconstruire ainsi une langue ignorée chez lui : on admirerait un tel prodige de logique et de sagacité.

Voilà ce que fit Eugène Burnouf pour la langue pâlie, issue du sanscrit, comme l’italien du latin ; voilà son coup d’essai à l’âge de vingt-cinq ans. Il faut dire qu’il s’était associé dans cette entreprise un de ses condisciples au Collège de France, nom célèbre aussi, M. Lassen, pour qui ne furent point interrompues dans la suite ses communications amicales et confidentielles.

Dès lors, Eugène Burnouf comptait entre les maîtres de premier ordre dans l’estime des juges compétents. L’Université voulut l’engager dans les rangs de ses professeurs, non pas pour un enseignement ordinaire, mais pour la fondation d’une chaire dont on n’avait pas encore eu l’idée, quoiqu’elle dût être la base et le couronnement de toutes les autres dans l’ordre des lettres, et qui se ferma cependant aussitôt après son rapide passage, faute de successeurs ou de soin d’en chercher. Elle ne devait se rouvrir qu’à vingt ans d’intervalle, de nos jours, grâce à une bonne inspiration des chefs de l’instruction publique, et se rouvrir doublée, agrandie, d’un côté, par les écrits et les conférences d’un jeune helléniste, déjà professeur éprouvé[1], de l’autre, par les leçons d’un septuagénaire que soutient et anime une vigueur juvénile, et dont le vaste savoir embrasse dans l’étude du grec toute une encyclopédie littéraire[2].

  1. M. Egger, maître de conférences à l’École normale, aujourd’hui membre de l’Académie des inscriptions.
  2. M. Hase, professeur de grammaire comparée à la Faculté des lettres de Paris.