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la lecture de M. Dureau de la Malle ; à ceux qui voudraient étudier les pensées à demi voilées et le langage expressif de Tacite, à l’aide d’un moniteur qui leur ferait observer la signification et la valeur des éléments de chaque phrase, comme le moulage pris sur la personne, après que la vie s’est retirée, reproduit les traits du visage avec les moindres accidents, à ceux-là M. Burnouf est nécessaire.

Un homme qui ne manquait pas d’instruction, mais à qui vint l’inopportune fantaisie de retraduire Tacite après M. Dureau de la Malle et M. Burnouf, sans préparation suffisante, reprocha au dernier de manquer du sens politique indispensable en une telle entreprise, lui qui n’avait rien de politique, sinon une grande fortune qui le mettait en relation de dîners et de fêtes avec des hommes politiques, de plus, une très belle imprimerie, qu’il eut l’excellent esprit d’employer à d’utiles éditions, se gardant de la mettre au service des partis, et faisant très bien ses affaires sans trop se mêler de celles de l’État. Du reste, il ne prétendait nullement disputer à M. Burnouf l’avantage d’une qualité assez essentielle pour traduire un historien latin, celle de latiniste éminent, à laquelle M. Burnouf joignait un sens exquis de toutes choses. Il est vrai que, renfermé dans les devoirs de sa profession et les soins de la famille, il n’affectait en matière politique ni une grande science, ni même des opinions très prononcées ; il n’avait que des principes, ceux-là constants, inébranlables.

Enfin, arrivèrent les récompenses suprêmes de ses travaux : en 1830, la première place d’inspecteur général de l’Université ; en 1834, son entrée à l’Académie des inscriptions et belles-lettres.

Mais, au milieu de ses prospérités, il lui fallut payer