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discours, me reprocherait de lui avoir dérobé une part des siennes, pour lui la plus sensible et la plus chère. Commençons par le récit qu’il aurait demandé lui-même de préférence.

Jean-Louis Burnouf naquit, le 14 septembre 1775, dans le petit village d’Urville, près de Valognes, et, comme si la Providence eût voulu ajouter un exemple de plus à tant d’autres déjà fameux, pour montrer ce que peuvent le travail et la conduite, elle plaça son berceau dans une chaumière de tisserand ; et, afin que l’exemple fût de tout point accompli, il perdit en bas âge ses parents, qui ne lui laissaient pour héritage que leur indigence. Je me trompe, il recueillit d’eux fidèlement un bien qui fut une des origines de sa fortune, l’impression profonde, ineffaçable des leçons vivantes de probité, d’application laborieuse, de patience.

Ils étaient huit orphelins ; ce fut un partage entre les membres de la famille, et il échut à un oncle, qui ne se doutait pas alors qu’il préparait à sa vieillesse les soins et la tendresse d’un fils dont il serait fier un jour. Mais que pouvait cet oncle au delà du toit et du pain ? Par une faveur du ciel, à Saint-Cyr en Normandie, village voisin du leur, vivait retiré, mais non pas oisif, un vénérable émérite de l’Université de Paris, le bon et savant Gardin Dumesnil. Il connut l’orphelin par un de ces hasards qu’il savait trouver, parce qu’il les cherchait. Le connaître et s’intéresser à lui, ce fut tout un. Il le fit élever dans une école qu’il avait fondée lui-même à ses frais pour l’instruction de première nécessité des enfants pauvres, et dans laquelle il y avait même, pour ceux qui annonçaient quelques dispositions supérieures, des leçons élémentaires de latin très bornées. Le sage bien-