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il y a bien de l’apparence, puis que les premiers d’iceux (pour ne parler que des nouveaux) ont esté choisis et tirez d’entre les plus doctes personnages du siecle precedent, qui par je ne sçay qu’elle fantaisie et trop grand amour de la nouveauté quittoient, leur froc et la banniere de l’eglise romaine pour s’enroller sous celle de Luther et Calvin, et que ceux d’aujourd’huy ne sont admis à l’exercice de leur ministere qu’apres un long et rude examen sur les trois langues de la saincte escriture, et les principaux poincts de la philosophie et theologie : il y a bien de l’apparence, dy-je, qu’excepté les passages controversez ils peuvent quelque fois bien rencontrer sur les autres, comme en beaucoup de traictez indifferents sur lesquels ils travaillent souvent avec beaucoup d’industrie et de felicité.

C’est pourquoy puis qu’il est necessaire que nos docteurs les trouvent en quelques lieux pour les refuter, que M De T n’a point fait difficulté de les recueillir, que les anciens peres et docteurs les avoient chez eux, que beaucoup de religieux les gardent en leurs bibliotheques, qu’on ne fait point scrupule d’avoir un thalmud ou un alcoran qui vomissent mille blasphemes