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Errances

Pour toi, je chasserais, par les sentiers d’ombre tépide,
Les manicous et les tourterelles ;
Au fond des gouffres de ténèbres vertes —
Où pleurent de minces cascatelles,
Près des monstrueuses fougères, —
Penché sur les rivulets de nuit endiamantée
Moins beaux que tes yeux aux noires clartés,
Je guetterais le gris élan de vif-argent,
La cristalline robe turgide et féerique
Dont s’habille la fuite enragée des cériques.
...................
Et quand le soir emparadise le couchant
Si vite velouté d’un âtre bleu phosphorescent,
Je chanterais des airs qui sont venus d’Afrique,
Des airs inconnus de toi qui te surprendraient
Comme un retour d’ombres d’ancêtres
Oubliés mais très familiers ;
Et tu m’en aimerais, jusqu’au fond de ton être

Hélas ! Je fus, — qui sait ? — un peu magicien,
Car tu vis quelque chose de mon âme,
Puisque la raillerie de ton regard devint
Une émotion très fraternelle et amie…