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Vers la Fée Viviane


Et voici, — du faible rose de l’aube,
De la blondeur des beaux soirs touchés d’irréel, —
À une fenêtre si triste,
En cet encadrement de larges feuilles grises
De vieilles poussières,
Sur le gris endeuillé des pierres,
Une femme dont les yeux de douce améthyste
Regardent plus loin, plus haut que les nuées claires…

Ô femme, dis-je, toi seule, avec ces prunelles
De profond ciel bientôt crépusculaire
Peux voir les hauteurs où n’atteignent plus ses ailes…
Dis, vois-tu Celle qui torture les poètes,
Qui leur dit le parfum des roseraies mystiques,
L’extase du Suprême Bleu, loin des planètes,
La lente griserie de mourantes musiques
Toujours mourantes — et suavement vibrantes,
Dont les accords fluides, liquides,
Embaument, tandis que les roses chantent…

Mais la femme au teint pâle et rose comme un aube,
Aux blondeurs chryséennes de soirs disparus,
De soirs jamais chantés qui ne reviendront plus,