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Vers la Fée Viviane

Me rappellent vers ces flaves dunes des grèves
Où jadis la Fée blanche, languide et pâmée,
Dans le ciel tout semé de fuchsias de rêve,
Éployait ses cheveux solaires au couchant,

Et mon vol frôle les longs flots d’ambre des sables
Et la neige tachée de nuit des goélands
Qui pèchent aux lagons miroitants et semblables
À des coupes remplies de pierres liquides.

Puis, c’est la nuit de cristal bleu sombre.
Et me suivent les brusques vagues, plus rapides,
Plus gémissantes sous le dur vent qui les rompt,
Les éparpille en bruines gélides.

Ô Fée ! au-dessus de ce gouffre qui se plaint,
Éclairant les mêlées de ces forces brutales
Plus horribles dans l’ombre où les souffles sont râles,
Fais flamboyer, traînante sur le ciel éteint
La comète d’or rouge de ta chevelure !

Sois seulement un astre pallidement pur,
Un espoir en les lourdes luttes monstrueuses,
Un point de feu, promesse en le chaos obscur,