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Vers la Fée Viviane

Et nuageusement hyalines, flottèrent,
Glissèrent en la suave tristesse de l’air
Abandonnant le navire aux houles languides
Et gagnant la plage où des vitres s’allumaient

...................
Longtemps, ce furent des nuits angoissantes
Dans la ville aux vacillantes rougeurs,
Aux rues étroites et tournantes :
D’aigres cris partaient des carrefours ténébreux.
Des plaintes sanglotées ou furieuses
Râlaient au noir des venelles enchevêtrées ;

Des vols pâles fuyaient dans le matin blafard
Et, aux heures bleues et dorées,
Des troupes de femmes hagardes
Hurlaient, ameutées sur la grève,
Montrant du poing l’ironique sommeil
Du navire dont les squames hideuses
Étincelaient comme des lames de vermeil
Sous l’effrayante brume lumineuse,

Mais un soir la baie apparut, flambante et vide,
Sous les grenats et les topazes du couchant.