J’ai vu des vérandas sucrées de chèvrefeuille
Où fleurissaient mes petites amies.
Petites amies, vous n’êtes pas toutes mortes
Mais vous n’êtes plus vous, en les entours changés ;
Souvent je vous regarde, aussi belles qu’alors, —
(Ne vieillissent ni les femmes, ni les nuages
Qu’on suit d’un œil d’envie dans le ciel bleu et or,) —
Mais autres, moins amies, touchées d’un jour étrange,
Aube de quelles hautes et prochaines vies ?
Vos yeux brillent toujours, profonds et lumineux,
Reflets d’astres en l’eau diaphane, loin des rives ;
Mais leur mystère n’est plus mien ;
Que disent-ils des futures ascensions bleues
Dans la terreur exquise d’un gouffre serein ?
Serons-nous encore enfants ensemble
Sous des cieux de fleurs et de gemmes ?
Un sort nouveau nous liera-t-il de liens tendres,
Ou revivrons-nous sans jamais plus nous aimer ?
Voguerons-nous, perdus en l’éther sans limites,
Ou réaliserons-nous les rêves anciens,
Sur une étoile, au delà des zones ultimes
Confusément perçues par les regards humains ?
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Vers la Fée Viviane