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III

Incarnations

Après les bleus vertiges des abîmes,
Tu sais vivre la poésie des coins perdus,
T’insinuer en les secrets les plus ténus
Des sorts monotones, des vies infimes.

Il te plaira d’habiter l’âme grise
D’un être mal distinct de l’animalité,
Et qui s’éveille à peine au sens de la Beauté,
Plein de terreurs et de joies imprécises.

Tu connaîtras les huttes basses
Sorties du sol rougeâtre et le continuant,
Encore informes et tassées
Comme les ruches d’un rucher bruyant.

Tu sauras de quels rêves se peint l’horizon
Qu’emprisonnent des murailles de boue