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Vers la Fée Viviane

Que tu sentis naître, en frissons voluptueux,
De nouvelles féeries dans ton âme de fée.

Et tu devins la poésie de l’Univers,
Portant des mondes surhumains dans ta pensée.
Il te fallut, pour l’immensité de ton rêve,
Les gouffres sublimes, les immenses
Altitudes noyées d’azur et de silence.

Parfois le regret de ta forêt celte
Et des coteaux ondés où s’éplorent
Les flots âcres et frais des feuillages d’Armor
Te rappela vers les pentes de moiteur verte ;
Et, dans la nuit d’opale, un pâtre ou un poète
S’enivra des rayons froids de tes cheveux d’or. [1]

Et, à la blonde lueur de mystère,
Trouva des chants qui lui rendaient sa peine chère.

Mais tu fuyais — et s’envolaient la Poésie,
Le Passé magique et la Beauté entrevue
Où la pensée des hommes n’atteint plus.

  1. « ........Viviane, la fée
    « Sur le vert coteau peignant ses cheveux d’or. »
    (Théodore de Banville.)