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Vers la Fée Viviane

Dont les voix lentes prêtaient aux brises
Chantantes sur les radieux songes des rades
Comme des caresses de lyres ;

Et dont les yeux, pensants miroirs
De l’inconnu qui flotte aux suprêmes espaces,
Faisaient plus bleue la clarté rêveuse des soirs
À l’heure du ciel plus immense et de l’extase.

L’âme du bois se meurt comme sont mortes
Celles qu’on voulait immortelles…
Une musique soupirante y rôde
Et attriste le haut sourire teint de ciel
Des vieilles frondaisons délaissées qui s’endorment.

Elles sont mortes, les Mélodieuses,
Les belles aux fronts de pure clarté ;
Et les sources où leurs blancheurs se reflétaient
Se sont taries à chanter, seules.

Elles sont mortes, — en la douceur d’un soir grec
Qui leur tissa des tièdes linceuls d’azur pâle, —
Longuement torturées sous le règne spectral
Des blêmes bourreaux des Grands Siècles.