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Ces derniers noms, mal écrits, sortes de graffites, semblent ceux de bienfaiteurs postérieurs ; on peut cependant les rapporter au vie siècle.

M. Enno Littmann a proposé des corrections pour rapprocher les noms du graffite arabe des noms de l’inscription grecque, cf. R.S.O., t. IV, p. 196 à 198 ; mais il ne s’ensuivrait pas encore nécessairement que le graffite arabe soit de l’an 512. Nous le laissons donc au vie siècle, sans préciser l’année.

Ces deux inscriptions suffisent, pour montrer que les Arabes chrétiens de Syrie avaient un alphabet avant l’hégire. Il ne semble cependant pas qu’on l’ait beaucoup employé, car il était en somme illisible.


4. — Les monnaies elles-mêmes ont été longtemps celles des Grecs et des Perses ; lorsque les musulmans ont adopté l’alphabet des chrétiens syriens, ils ont encore gardé sur leurs monnaies l’effigie de l’empereur grec avec les insignes du christianisme ; ils ajoutaient seulement le nom de la ville ou de la monnaie (Damas ou dirhem) en caractères arabes. C’est seulement sous ‘Othman (644 à 654) que son cousin Moawia, le futur calife, gouverneur de Syrie, a fait frapper des monnaies purement arabes ; une chronique nous apprend qu’on ne voulait pas accepter ses monnaies en Syrie, parce qu’elles ne portaient pas la croix. C’est peut-être pour les faire accepter que les monnaies arabes, depuis Moawia jusqu’à Merwan Ier (684), frappées en Palestine ou en Syrie, portent, en sus de l’inscription arabe et de l’effigie du calife, une sorte de modification de la croix ansée, figurée par la lettre grecque majuscule phi, mise au-dessus de plusieurs gradins. Les pièces purement musulmanes et datées, conservées à Paris ou au Caire, ne sont pas antérieures à 696.

L’un des plus anciens papyrus datés est peut-être celui du Caire reproduit par Mme Lewis, Studia sinaitica, no XII, pl. I. Il est