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pratique biblique, qui a encore lieu chez bien des musulmans. Ce sont les chrétiens surtout qui ont créé des alphabets pour les peuples qu’ils convertissaient et qui leur ont appris à lire et à écrire.


2. — L’arabe dit classique ne fait pas exception. Son alphabet est dû aux chrétiens ; car c’est chez les Arabes chrétiens de Syrie qu’on trouve les plus anciens spécimens de cette écriture. L’alphabet arabe ne comprenait d’abord que vingt-deux lettres, comme l’alphabet syriaque et dans le même ordre. On le voit en suivant les valeurs numériques des lettres. On a ensuite ajouté des lettres auxiliaires pour représenter des prononciations particulières. Beaucoup de lettres ne se distinguent que par un, deux ou trois points placés dessus ou dessous. C’est le cas de ba, ta, sa, noun, ya, et aussi de dal, zal, etc. Les anciennes inscriptions (comme les plus anciens Qorans) ne portent aucun de ces points. Ces textes seraient donc illisibles, si on ne connaissait par ailleurs les points qu’il faut suppléer pour obtenir la bonne lecture[1].


3. — La plus ancienne inscription arabe est peut-être la bilingue grecque-arabe de Harran dans le Hauran. Elle nous apprend qu’en l’année 568 de notre ère, Larahel, fils de Thalmou, phylarque des Arabes, a construit un martyrion (tem-

  1. Dans une histoire nestorienne, cf. P.O., t. XIII, p. 501, n. 1, on trouvera un nom de quatre lettres sans points-voyelles, qui peut donc être lu Biro, Bizo, Niro, Nizo, Tiro, Tizo, etc. — Il y avait autant d’incertitude pour le sens que pour les noms propres. Le seul changement d’une lettre finale permettait à Ibn Lahi‘a de remplacer la phrase : « Le Prophète se fit une cellule dans la mosquée » par cette autre bien différente : « Le Prophète s’appliqua des ventouses dans la mosquée » ; cf. Bokhari, Les Traditions islamiques, trad., t. IV, p. 550 ; et, par un changement de point diacritique, au lieu de : « Abou-Bekr était le meilleur des hommes », le texte de Qastallani donne : « Voici notre histoire », ibid., t. IV, p. 293.