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élevés, et ils ne se bornaient pas à faire des dons aux églises, aux moines, aux pauvres et aux étrangers, mais ils aimaient le jeûne et la vie ascétique plus que tons les chrétiens, beaucoup de personnes chez eux ne mangeaient pas de pain durant tout le temps du jeûne, non seulement les hommes, mais encore beaucoup de femmes ; ils étaient zélés et ardents pour la foi orthodoxe, et chaque fois que la sainte Église était persécutée, ils donnaient leurs têtes pour l’Église du Christ, surtout les peuples choisis et nombreux des ‘Aqoulaïé, des Tanoukaïé et des Ṭou‘aïé. Quand ils furent parfaits dans toutes les coutumes du christianisme, il les quitta et alla bâtir la grande et belle maison des Pesilotâ, au milieu du Beit ‘Arbaïé, dans un lieu appelé Aïnqénaïé. Il y plaça un autel et des saints martyrs, et il appela cette maison du nom de saint Mar Sergius, l’illustre martyr, parce que ces peuples arabes aimaient beaucoup son nom et y avaient recours plus que tous les autres hommes. Le saint s’efforça, par cette maison qu’il avait bâtie au nom de Mar Sergius, de les détacher du temple de Mar Sergius de Beit Reçafa de l’autre côté de l’Euphrate, parce qu’il était loin d’eux (cf. p. 69, n. 1). Autant qu’il le put, il le fit, afin que ce temple par sa belle apparence les empêchât d’aller à celui-ci. Près de ce temple qu’il bâtit, il construisit encore le grand et célèbre monastère appelé Aïnqénaïé. Il le rendit remarquable tant par sa construction que par tout ce qu’il contenait. Il y réunit une nombreuse communauté et lui donna de belles règles qui purifiaient l’âme du tumulte du monde, avec l’office continuel de jour et de nuit, le jeûne continuel, les pures veilles, l’exercice de la charité et l’accueil des pauvres et des étrangers. Une table abondante et chargée de tous les biens y était dressée pour tous ceux qui arrivaient à sa porte ; c’était comme un jardin rempli de biens pour tout le pays où il était situé ; et tout ce dont les hommes de ce pays avaient besoin leur était fourni par lui.

Il dit encore aux frères : « Mes enfants, aimez-vous les uns les autres, soyez constants dans la prière, recevez les étrangers d’un bon cœur, puis il fit sur eux le signe vénéré de la croix et il alla visiter tous les peuples qu’il avait instruits. Après cela, il voulut construire encore un monastère dans un lieu éloigné, dans un pays difficile, desséché et sans eau, parce que ceux qui suivaient ce chemin et parcouraient ce pays souffraient beaucoup. Il bâtit de grandes et belles constructions, fit de grandes et belles portes, et creusa deux puits, l’un à l’intérieur du monastère, l’autre à l’extérieur. Il le consacra et y rassembla une communauté de près de quarante hommes. Dès lors, tous ceux qui passaient par là louaient Dieu et disaient : « Dans une terre difficile comme celle-ci a été bâti un