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honneur ; mais, tandis qu’ils étaient en train de manger ensemble, de boire et de se réjouir, on apprit que des Arabes perses, au nombre de quatre cents cavaliers, étaient tombés sur des villages éloignés appartenant aux Grecs et les avaient pillés.

Les Grecs accusèrent le gouverneur perse de leur avoir tendu un piége et longtemps après encore il n’y eut rien de changé. Cf. J.-B. Chabot, Synodicon orientale, Paris, 1902, p. 532-533.

Il n’y eut rien de changé non plus aux infiltrations arabes du sud, au nord de la Mésopotamie, et tout le nord de cette province conserva le nom de « pays des Arabes » ou Beit ’Arbaïé, avec Nisibe pour métropole.

2. — Un grand nombre de ces Arabes de Mésopotamie ont été convertis au christianisme par Aḥoudemmeh, métropolitain jacobite d’Orient en 559, mort en 575.

Il était du pays des Arabes et se proposa d’évangéliser les nombreux peuples qui vivaient sous des lentes entre l’Euphrate et le Tigre et qui étaient barbares et homicides. Il brisait les idoles, faisait des prodiges. Certains campements ne le laissaient pas approcher et lui lançaient des pierres, mais il guérit la fille du chef d’un campement et le bruit de ce prodige lui facilita son apostolat. Il s’appliquait avec grande patience à passer par tous les campements des Arabes, il les instruisait et les enseignait par de nombreux discours ; il ne cessait d’ailleurs pas son jeûne parfait, ses prières et ses veilles. Il réunit par son zèle et il fit venir des prêtres de beaucoup de pays, pour en arriver à établir dans chaque tribu un prêtre et un diacre. Il fonda des églises et leur donna les noms des chefs de leurs tribus, afin qu’ils les aidassent dans toute chose ou affaire dont elles auraient besoin… Il attacha ensuite les cœurs des Arabes à toutes les perfections de la piété et plus spécialement aux dons envers les indigents… Leurs aumônes se répandaient sur tous les hommes et en tout lieu, mais plus particulièrement sur les saints monastères qui sont encore soutenus par eux jusqu’à maintenant dans leurs nécessités temporelles : le monastère saint et divin de Mar Mattaï et de Kokts et de Beit Mar Sergius, et la communauté des moines qui est dans la montagne de Singar, avec tous les autres saints monastères qui sont dans les pays des Romains et des Perses ; ils faisaient de grands dons qui étaient vendus pour des prix