Page:Nau - Les Arabes chrétiens de Mésopotamie et de Syrie, du VIIe au VIIIe siècle.djvu/101

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
—( 101 )—

un oiseau », parce que le Prophète, quand on lui apprit que son cousin avait eu les deux mains coupées à coups de sabre, aurait affirmé que, dans le paradis, Dieu lui avait déjà donné deux ailes d’oiseau pour remplacer les membres qui lui manquaient.

En 630, Mahomet a préparé à grands frais une expédition contre les Grecs pour venger la défaite de Mo‘ta, mais beaucoup de Bédouins partaient à contre-cœur. Ils prétendaient qu’il faisait alors trop chaud et Mahomet leur répondait que le feu de l’enfer est autrement ardent que les grandes chaleurs. Cependant, après être resté une vingtaine de jours à Taboûk, il a jugé prudent de ne pas pousser plus loin.


2. — Mais il arriva ensuite aux Arabes chrétiens ce qui était déjà arrivé à Mondir après sa victoire sur les Perses (cf. supra, chap. v, 9). Les vainqueurs des musulmans réclamèrent leur modeste solde, réclamation très légitime, d’abord parce qu’elle leur était due, surtout après leur victoire, et ensuite parce que chacun aurait dû savoir que les habitants des déserts arides ont toujours gagné leur vie en louant leurs services aux marchands ou aux États. Théophane raconte que le trésorier était un eunuque du palais et que celui-ci, voyant devant lui une troupe d’Arabes demi-nus et misérables, dont il croyait ne plus avoir besoin puisqu’ils avaient écrasé les envahisseurs, leur répondit insolemment : « Retirez-vous. L’empereur ne trouve qu’avec peine de quoi payer ses soldats ; il n’a rien à donner à ses chiens. » Les Arabes chrétiens, dit Théophane, et nous l’en croyons sans peine, quittèrent donc le service des Grecs et se joignirent à leurs compatriotes. Nous pouvons même ajouter qu’ils furent les meilleurs des musulmans ; car ils croyaient en un seul Dieu qu’ils nommaient Allah et ils faisaient la prière, ce qui n’était pas souvent le cas des Bédouins du Hidjaz.