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CHAPITRE VIII.

LA CONVERSION À L’ISLAM DES ARABES SYRIENS.

1. Insuccès des musulmans avant la défection des Arabes chrétiens. — 2. Ceux-ci marchent bientôt avec les musulmans, les aident et les guident. — 3. Ils le faisaient en haine des Grecs, par amour du pillage et à cause de la tolérance des premiers califes. — 4. Persécutions contre les Arabes chrétiens d’‘Aqoula, de Ghassan, de Tanouk, de Taglib, etc. — 5. Les néo-musulmans. — 6. Conclusion.

1. — Si les Grecs avaient su maintenir la confédération des Arabes chrétiens, la Syrie aurait été facilement protégée contre toute incursion des Bédouins du Hidjaz, bien moins dangereux que les Arabes perses. On l’a encore vu en 629, lorsque tous les Arabes chrétiens n’avaient pas fait défection. Une expédition de trois mille musulmans, sous quatre chefs, arriva à Ma‘an, près de Pétra. Le pouvoir des Grecs, par leurs troupes ou par les Arabes feudataires, s’étendait encore sur le nord-ouest de l’Arabie. Un certain Farwah, fils d’‘Amrou, gouvernait Ma‘an et tout le pays qui en dépendait. Il donna l’exemple des trahisons qui devaient devenir générales chez les Arabes quelques années plus tard. Il livra Ma‘an aux musulmans sans résistance et, en punition, fut mis en croix par ordre d’Héraclius. L’arrêt des musulmans à Ma‘an donna aux Grecs et aux Arabes chrétiens le temps de se concentrer et, peu après, les musulmans étaient accablés à Mo‘ta ; trois de leurs chefs furent tués et le quatrième, Khaled — qui devait être plus tard « l’épée de Dieu », quand il a eu les Syriens à ses ordres — ne fut alors qu’un simple fuyard, heureux de sauver sa vie et de rentrer à Médine avec les débris de l’armée. Mo‘ta est encore un lieu de pèlerinage fréquenté. On y a élevé un mausolée sur le tombeau de Dja‘far, l’un des trois chefs tués, que la légende populaire a surnommé Tayyâr, « celui qui vole comme