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Hiers Bleus






LE JARDIN DES JACINTHES



 Haut sur la courbe d’un promontoire de rêve,
 Dans le bleu profond des reflets marins
 Qui jouent au chant doucement triste de la grève,
 Sous la caresse de tulles aériens
 Où tremble un essaim de pétales mauve,
 Le jardin s’assoupit, — frôlé de ciel.

 Au loin s’éploie en blondeurs fauves,
 Solaire vision de Hell,
 Le vol pétrifié des falaises géantes.

 A l’horizon, des îles changeantes,
 Les îles qu’on n’atteint jamais,
 Protègent de pelucheuses nacres fluides
 Les perles fines de leurs sommets
 Qu’effleurent de coups d’ailes rapides
 Les jalousés, les dédaigneux
 Oiseaux de mer chatoyants et floconneux.